Togo: les lauréats du Prix Equateur honorés

23 mars 2021

Le ministre de l'Environnement et la Représentante du PNUD au Togo posent avec les lauréats du prix Equateur qui présentent leurs trophées aux membres de la communauté. Photo: Emile Kenkou/PNUD Togo

De mémoire d’hommes, Naki-ouest, petite localité du nord Togo, située dans la région des Savanes (environ 664 km de Lomé) n'a connu une telle ambiance, en dehors de la célébration de la fête des prémices des récoltes. Pourtant on en est loin. Kombate Kossia, la quarantaine, s’est parée pour l’occasion. Ce 20 Août restera pour cette mère de sept enfants un jour mémorable. Présidente des femmes d’un des comités de surveillance et d’exploitation de « Songou-Man », l’association des pépiniéristes et planteurs de Tône-ouest, elle ne cache pas sa joie. « Aujourd’hui, nous sommes fiers que nos efforts produisent leurs fruits et suscitent l’admiration du monde entier » explique-t-elle dans un large sourire.

En effet, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) ont décidé de célébrer avec ces populations le Prix Equateur, remporté par Songou-Man en 2014. C’est la deuxième fois consécutive que ce prestigieux Prix est attribué au Togo. En juin 2012, le Comité Villageois de Développement de Ando Kpomey (village situé 60 km au nord-ouest de Lomé) s’est vu décerner ce Prix, à Rio de Janeiro, au cours d’une cérémonie officielle, organisée en marge du Sommet Mondial sur le Développement Durable, en présence de l’administrateur du PNUD, Mme Hélène Clark.

Susciter et rehausser la visibilité des initiatives communautaires visant à réduire la pauvreté par la gestion durable des ressources naturelles et la protection de l’environnement, telle est la raison d’être de ce prix. Et pour l’occasion, la Représentante résidente du PNUD, Mme Khardiata Lo Ndiaye et le ministre de l’environnement et des ressources forestières, M. André Johnson ont fait le déplacement de Naki-ouest.

« Notre présence aujourd’hui ici a un sens » a déclaré Mme Lo Ndiaye. « Ce prix témoigne de la place que les efforts communautaires occupent dans le processus de développement durable. C’est l’engagement d’hommes et de femmes comme vous, qui œuvrent pour la gestion des ressources naturelles et la protection de leur environnement, avec des actions concrètes sur le terrain, qui rend le changement possible » a-t-elle ajouté.

Elle a aussi rappelé que les deux organisations primées ont bénéficié largement de l’appui du Programme de Micro-financements du Fonds pour l’Environnement Mondial (PMF/FEM), financé par le FEM et mis en œuvre par le PNUD, depuis 1992.

De 2010 à 2015, ce Programme a financé, au Togo, pour plus de 2 millions de dollars américains, 71 projets communautaires et un forum national des organisations de la société civile sur la conservation des ressources naturelles. Ces projets, dont la plupart sont en cours d’exécution, ont permis, entre autres, la mise à la disposition de plus de 100 communautés pauvres des connaissances et ressources dont elles ont besoin pour améliorer leurs conditions de vie et contribuer à la protection de l’environnement.

« Un tel prix nous motive encore plus pour redonner espoir à nos communautés qui vivent beaucoup plus les effets des changements climatiques » se félicite M. Bounele Kouman Salifou, Directeur Exécutif de Songou-Man qui signifie en langue locale « agréable est l’ombre d’un arbre ».

Pour le ministre Johnson, le Togo à l’instar de nombreux pays du monde n’échappe pas au phénomène de changements climatiques dont les signes visibles sont la sécheresse, les inondations, le dérèglement des saisons, la dégradation des sols. « Il est impérieux que des actions comme celles de l’Association des Pépiniéristes et Planteurs de Tône-ouest et de la Communauté d’Ando Kpomey puissent être dupliquées autant que possible sur notre territoire. Nous sommes persuadés que c’est comme cela que nous pourrons vaincre ensemble la menace qui pèse non seulement sur notre génération mais aussi sur les générations à venir » a-t-il déclaré.

L’introduction de l’arbre et des champignons dans les pratiques culturales, dans une région aride, pour améliorer la fertilité des sols, augmenter le couvert forestier et conserver la diversité biologique, est l’une des techniques utilisées par l’association.

Forte de 131 pépiniéristes dont 46 femmes avec un conseil d’administration de 13 membres, l’association engrange de bons résultats. « Grâce à la sensibilisation des populations, aucun feu de brousse n’a été enregistré depuis lors dans la région. De même, les membres de l’association pratiquent l’exploitation rationnelle des arbres, le compostage à base de champignons, l’apiculture et le maraichage, entre autres, comme activités génératrice de revenus » explique Bounele. A cela, il faut ajouter le reboisement de plus de 150 ha, la création d’un jardin botanique pour la conservation et la production des semences de 48 espèces de grandes valeurs économiques et thérapeutiques, menacées de disparition dans la région, et la construction d’ouvrages pour la fourniture d’eau dans une région où celle-ci est une denrée rare.

En cette période de pluie, l’horizon est vert. Sur de vastes superficies, des champs de maïs, de sorgho et de riz commencent à dévoiler leurs premiers épis. La veille, une pluie bienfaisante avait abondamment arrosé le sol. Preuve que la récolte s'annonce encore bonne cette année, contrairement à d'autres régions du pays où la pluie a joué au yoyo.

Kossia, pour sa part se rappellera encore pour longtemps ces moments. Elle pour qui grâce aux actions de Songou-Man, les conditions de vie de toute une famille se sont améliorées et ont permis à ses quatre derniers enfants de poursuivre l’école.

A retenir

  • 71 projets communautaires ont été financés depuis 2010 pour la gestion et la conservation de la biodiversité
  • 131 bénévoles dont 46 femmes sont membres de l'association Songou-Man et mènent des actions diversifiées envers leur communauté
  • L’Initiative Equateur a été mise en place en 1992 par le PNUD, en partenariat avec la société civile, le monde des affaires, les gouvernements, les organisations internationales et les groupes locaux de développement.